metalchroniques

Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage. Heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages, et puis a retrouvé après maintes traversées le pays des …Erynies.

Ces divinités chtoniennes, déesses de la vengeance et identifiées plus tard comme les Furies des Romains, étaient les filles de la nuit et de Cronos. Régnant dans le monde souterrain, elles étaient trois : Mégère, Alecto et Tisiphone, et possédaient un corps ailé et une chevelure de serpents. Leur image évolua au fil des âges, s'améliora et s'humanisa jusqu'à devenir les gardiennes de la loi morale et à mériter le qualificatif d' « Euménides » : les bienveillantes. Ce changement résultant d'une intervention de la déesse Athéna qui mettra fin par la même à la tragédie des Astrides.

Pourquoi, une introduction si longue sur ce jeune combo d'Ile de France quand dans le même temps ces 6 membres - Jean-Christophe et Bertrand aux guitares, Guillaume B. à la 5 cordes, Guillaume D aux claviers, Nassir derrière les futs, et Carole la chanteuse lyrique - n'ont sorti qu'une démo autoproduit en Août 2007, devez-vous penser ?

La réponse sera claire, nette et concise. Vous tenez là potentiellement le futur chef de file de la vague française prometteuse où surfent les Kerion et autre Whyzdom.

De tous ces combos heavy sympho mélodique à voix féminine engendrés par les Nightwish et autres Within Temptation aux 4 coins de la planète ; rares seront les élus. Un peu à l'image du Power Métal, lorsqu'un style est exploré, exploité et épuisé ; les combos ont tendance à se cacher derrière les poncifs du genre et éviter toute prise de risque.

Rien de tout cela pour Erynies qui en 4 titres, variés, pêchus et mélodiques démontre un savoir faire réel et un potentiel énorme. Un « Dark forces » speedé, aux riffs acérés à l'osmose parfaite comme le démontre la dualité déchirante des soli. Un « Sandstrom » plus heavy à la rythmique martiale façon Mark Jansen, un « End Of Me » divin aux ambiances gaëliques, aux ohohohoh rafraichissants, au break ciselé (on y trouve même de la Tin Whistle, semble-t-il),et enfin un « In The Middle Of Nowhere » semi-balade très raffinée.

Et toujours la voix de Carole, hybride de Lady Angellyca (Forever Slave), Sabine Edelsbacher (Edenbridge) et Heidi Parviainen (Amberian Dawn) liant et cimentant des compositions où foisonnent les bonnes idées; les étais de ces structures étant les jeux guitaristiques des deux frangins. La musicalité du combo s'ancre immédiatement et inexorablement en vous, ce qui fait que dans 3 ou 6 mois vous prendrez toujours autant de plaisir à vous repasser cette galette.

Quelques bémols cependant pour être foncièrement honnête et ne pas rédiger une review de fan … Tout d'abord, les claviers manquent un peu d'emphase, d'originalité, de caractère et donnent l'impression d'être parfois le parent pauvre. Ensuite, le « gros son » d'une production labellisée n'est pas présent (même s'il reste correct pour une autoproduction) et c'est au détriment de la puissance et des mélodies inhérentes à Erynies. Et pour finir, la Tracklist aussi appréciable soit-elle ne délivre qu'un aperçu de talent aussi conséquent soit-il.

Reste à tenir la distance sur un album complet. Pour ma part, je suis prêt à parier sur une prochaine franche réussite.



09/10 METALPSYCHOKILLER